Au coeur de l’Abitibi de mes dix-sept ans, l’exploitation forestière est à son apogée et les gisements aurifères de la Faille de Cadillac donnent aux mineurs de la région, du travail garanti pour de nombreuses années. Pourtant, la vie me réservait d’autres plans, de ceux qu’on peut difficilement imaginer ou présager.
Comment croire en soi pour réaliser son rêve : voici ce que j’ai fait… et ce que vous pourrez faire.
Noël 1984 : l’illumination
Dans mon petit village de Rollet, je suis en pleine conversation avec mes oncles, Jacques et Denis, des militaires très actifs dans les Forces armées canadiennes. Tout ouïe, je capte l’essence d’une carrière remplie de défis, d’exigences et de disciplines. Étrangement, chacune des paroles de ces deux hommes résonne en moi comme un appel. J’ai l’impression profonde d’un rendez-vous avec mon destin. Une passion nouvelle s’éveille en moi au contact de ces militaires. Un rêve prend vie, s’allume et se met à briller au coeur même de cette nuit de Noël.
Au-delà de cette vie gorgée d’actions se profile la perspective d’apporter une aide humanitaire aux gens dans le besoin; de défendre les plus faibles et en aider d’autres à se relever des affres des guerres. Voilà autant de buts dignes et nobles à mettre au centre d’une carrière.
Séduit par le discours de mes oncles, ma décision devient sans équivoque : « Je vais entrer dans les Forces armées canadiennes et servir mon pays. Je serai militaire. » De toute façon, pour moi, un travail routinier de 9 à 5 dans un bureau, à classer des paperasses, ce n’est pas envisageable !
Imaginer mon avenir pour mieux l’atteindre
Je pense jour et nuit à cet avenir prometteur. Je commence à visualiser ma nouvelle vie. Je me vois membre des Forces armées canadiennes, je porte l’uniforme, je m’entraîne rigoureusement avec des pairs, je développe des compétences et de nouvelles qualifications. Je m’imagine dans un avion en partance vers des pays étrangers pour défendre le Canada et contribuer à la paix et à la sécurité internationales. Rien ne m’arrête. Je suis déterminé.
On dit que l’avenir c’est demain. Pas pour moi. L’avenir, c’est aujourd’hui… et dans cet aujourd’hui, je crée déjà ce que je veux voir advenir pour mon plus grand bien et celui de l’humanité.
Une rencontre qui concrétise mon rêve
Quelques semaines plus tard, en janvier, des représentants des Forces canadiennes se présentent à la polyvalente. Dans ma classe, ils font une présentation sur la vie de militaire. Tout y passe : la formation, l’entraînement physique, les cours théoriques, l’entretien des équipements, les habiletés militaires à développer (le tir, l’utilisation de cartes, de boussoles…), la construction d’abris, les tenues de combat, bref, tous les rudiments d’une profession à exercer dans un contexte militaire.
Je suis conquis. Je veux devenir une recrue et suivre le programme de formation qui déterminera si j’ai les compétences nécessaires pour réussir dans l’armée. Ma fougue est bien présente en cette journée où se précise mon plan d’avenir. Je devrais plutôt dire : où se cristallise mon choix de carrière. « Je suis prêt. Que dois-je faire ? », ai-je envie de lancer au capitaine qui continue sa présentation.
Faire les premiers pas
Moins de 24 heures plus tard, je me retrouve au Centre de recrutement de l’armée pour obtenir plus d’informations. Mon avenir se tient dans ma conviction d’être au bon endroit, au bon moment. Pourquoi attendre?
Ce qui semble appartenir au hasard m’apparaît plutôt comme une organisation exceptionnelle de l’existence me permettant de progresser vers le développement de mon être et l’affinement de mes forces créatrices. À moi de saisir cette chance, cette occasion des plus favorables pour diriger ma vie vers sa plus grande expression!
Ensuite, tout se passe à la vitesse grand V. À la fin du mois, je suis convoqué à des examens et des entrevues préparatoires. La semaine suivante, la secrétaire de la polyvalente me convoque à son bureau et m’informe qu’un capitaine des Forces canadiennes responsable du recrutement veut s’entretenir avec moi.
Quand ça déboule
La nervosité m’envahit. Mon coeur bat la chamade. Je saisis l’appareil. À l’autre bout du fil, une voix d’homme me demande, après une salutation:
— Je m’adresse bien à Claude Simard?
— Oui, c’est moi.
— Je suis le Capitaine Blouin. Je n’irai pas par quatre chemins : êtes-vous prêt à joindre les Forces canadiennes ?
Je ne laisse pas transparaître l’émotion qui me gagne : un sursaut de joie incomparable. Mes visualisations fonctionnent! Je réponds avec conviction :
— Bien sûr !
— Alors je suis heureux de vous annoncer que vous commencerez votre cours de formation de recrue à Saint-Jean-sur-Richelieu, dans deux semaines, soit le 9 février. Ça vous convient ?
DANS DEUX SEMAINES! Un vertige s’empare de moi. En quelques secondes, tout se bouscule dans ma tête. Plus qu’un hamster, c’est un guépard qui se met en route : mes études, mes parents, mes amis, mon départ… Que va-t-il advenir de tout cela?
Le capitaine n’a pas perdu de temps pour obtenir ma réponse. Elle est là, sur le bord de mes lèvres, n’attendant que le bon moment pour s’officialiser à ses oreilles. Mais j’hésite… « Euh… Dois-je vous donner une réponse définitive tout de suite? Parce que je songe à compléter mon cours secondaire et, aussi, j’aimerais bien en discuter avec mes parents. Comme vous le savez, un tel départ entraîne de nouvelles organisations pour moi et mes proches. »
Le capitaine, jusque-là protocolaire, adopte un ton plus familier, mais aussi plus ferme. Il cherche sans doute à mesurer ma force de caractère. « Claude, veux-tu joindre les Forces armées canadiennes? Si ta réponse est affirmative, sois complètement sûr de ton choix. Fais-toi confiance. De toute façon, cette décision ne revient à nul autre qu’à toi. »
Oui, je le veux!
À peine quelques secondes de réflexion et je m’entends lui répondre avec force et conviction : OUI! Voilà! C’est dit… Ce mot si simple vient de basculer mon existence, de sceller mon avenir.
À la fin de notre conversation, je flotte de joie. En moi s’est éveillée la « chimie du bonheur » : sérotonine, dopamine et compagnie… Cette première grande décision de ma vie, je n’allais pas la regretter! Sans le savoir, elle cimentait même une mission beaucoup plus lointaine : celle d’accompagner de grands blessés de guerre – ceux dont la psyché meurtrie empêche de vivre adéquatement leur quotidien.
Évidemment, je devais annoncer cette grande nouvelle à mes parents. Le soir même, je les informe que je renonce à poursuivre mes études au secondaire afin de devenir militaire. Le silence tombe comme un rideau de scène : d’un coup. Ce genre de silence à couper au couteau. En état de choc, ni l’un ni l’autre n’ose prendre la parole. Je ressens leur profonde ambivalence devant mon choix. En réalité, le plus difficile pour eux, c’est qu’ils apprennent, sans avertissement, le départ de leur garçon de la maison familiale. Devant ma détermination, ils se rendent finalement à l’évidence que je ne reviendrai pas sur ma décision. Ils acceptent mon choix, mais bien sûr, le coeur gros, très gros… Je suis certain que malgré leur souffrance, quelque part en eux, une fierté se lève pour leur fils qui prend désormais en main les rênes de sa vie.
Un pas gigantesque pour réaliser son rêve
Vivre son rêve demande d’être réceptif et de croire que l’on a les ressources nécessaires pour provoquer des changements, aussi minimes ou grands soient-ils. Nous possédons tous, bien enfouis en nous, des rêves qui demandent à être transposés dans la réalité, mais pour lesquels, souvent, on a l’impression d’avoir les mains liées, d’être incapables de les réaliser, bref d’atteindre le succès.
Les chemins vers la réalisation de nos buts – pour moi, celui de m’enrôler dans l’armée et dans bien d’autres projets par la suite –, je les connais, j’ai circulé amplement sur ces routes, pas toujours droites. J’ai buté sur des obstacles. Je suis tombé. Je me suis relevé. J’ai retroussé mes manches et j’ai continué à fixer les objectifs qui m’étaient les plus chers. J’ai focalisé sur ce qui me permettait de développer ma confiance et sur les gestes qui cultivaient mes grands rêves.
Changer de perspective : repousser le négatif et accueillir le positif
Bien sûr, il ne suffit pas de dire « oui » pour que le chemin se place comme par magie. Des défis, des épreuves et des adversités se dressent parfois devant nous comme des brumes opaques. Acquérir de nouvelles habitudes est une des clés permettant de changer de position intérieurement et d’enclencher notre bonheur. Nous possédons tous cette magnifique disposition à être heureux. Se vautrer dans les critiques négatives, dans des jugements malsains et des plaintes redondantes s’avère un lourd fardeau qui nous éloigne de notre bien.
Plus nous nous enfonçons dans des pensées d’inquiétude quant au futur, plus notre vie devient chaotique, sans véritable but ni enthousiasme. En regardant les situations avec un regard différent, nous nous donnons la permission de transcender nos limites. Si nous bloquons notre énergie et figeons cette dernière dans le négatif, plus rien ne peut se mettre en action. Malheureusement, nous attendons trop souvent l’intervention d’une force extérieure pour agir au lieu de prendre la responsabilité de notre vie. C’est à nous que nous causons du tort en ne transformant pas nos pensées, en ne prenant pas le temps de voir dans quelle mesure elles ont un impact sur nos résultats. Cela ne veut pas dire qu’un résultat non concluant est issu de pensées négatives. Il peut également nous signifier que la voie empruntée n’est pas la bonne et que le moment est venu de réaligner le tir.
En toute chose, il importe d’être éclairé et de pratiquer le discernement. Mais il nous arrive souvent de l’oublier, dans le feu de l’action ! Lorsque nous apprenons à nous concentrer sur notre objectif, à observer nos mécanismes instinctifs d’autosabotage, à développer une conscience accrue de chaque instant, à accomplir l’action juste et à gérer notre stress en toute situation, nous nous plaçons alors aux premières loges de notre vie.
Croire en soi et oser : être responsable de sa vie
Un des mots les plus importants dans le vocabulaire, pour donner un élan à une motivation, c’est : OSER. Sans cette audace de tous les instants, je n’aurais jamais accompli le rêve qui poussait doucement, mais fortement en moi. Pire, je l’aurais peut-être brimé en me répétant des phrases telles : « Je ne suis pas assez bon. Personne ne va considérer ma candidature. Je suis bien comme ça, pourquoi sacrifier mon confort ? De toute façon, je n’ai pas ce qu’il faut pour réussir… »
Étonnamment, à partir du moment où l’on OSE s’engager dans la réalisation de son rêve, c’est qu’on a acquiescé à la responsabilisation de sa vie. On ne se contente plus de rester dans ses pantoufles. On se lève, on prend son courage à deux mains et on marche vers ce demain qui se concrétise dans l’instant présent. Nous nous installons dans l’attitude du Je veux +.
Vouloir plus
Je veux + ne signifie pas être avare de tout et de rien. Je veux + signifie que nous désirons une vie de qualité, à la mesure de nos ambitions, de nos passions et de nos désirs secrets. Les premières questions à se poser, lorsque nous stagnons dans une existence qui ne nous plaît pas, sont celles-ci :
- Suis-je entièrement satisfait de ma vie, là, maintenant ?
- Ai-je accompli ce rêve qui demande à s’actualiser dans le monde? (mais que j’enterre avec mes : « J’peux pas ! J’pas capable ! »)
- Est-ce que je peux me redonner une vision de tous les possibles, là, maintenant, dans ma vie ?
Il n’y a pas que l’entraînement physique. Il y a aussi l’entraînement mental. Sans lui, tous nos efforts pourraient s’avérer vains. Ce petit plus, que l’on veut dans notre vie se conjugue avec : engagement, entraînement, détermination, discipline, concentration et audace. Chacun de ces déterminants est là pour maximiser notre potentiel de réussite de nos projets. Encore là, je ne prétends pas que la route sera douce, calme, et sans encombre. J’affirme néanmoins qu’une flexibilité intérieure est nécessaire pour ne pas déroger du but à atteindre.
Se pousser toujours plus loin pour réaliser son rêve
Dans l’armée, j’ai appris à ne pas laisser mon mental dériver vers des pensées défaitistes afin de conserver une attitude strictement positive devant les défis. Il en allait bien souvent de ma peau. Sur le terrain, la moindre déviation de l’état d’esprit des soldats pouvait les amener à perdre leurs objectifs. N’oublions jamais que nous sommes là afin d’établir la paix, non pas pour empirer le chaos existant par un esprit indiscipliné, perturbé et non concentré.
Dans un contexte de guerre, nos capacités sont poussées au maximum. Ce maximum, avec les années d’entraînement, j’ai compris qu’il ne s’arrêtait pas là où je m’étais imposé des limites, mais bien au-delà. Notre pouvoir d’accomplissement est gigantesque. En réalisant personnellement tout le potentiel que l’être humain possède en lui, j’ai saisi que nous ne fonctionnons qu’à un régime très minime de nos capacités. Aussi, qu’une entrave des plus grandes à l’atteinte de nos objectifs, c’est le discours mental négatif qui prédomine et qui s’inscrit dans nos paroles et nos actions ! Il n’y a rien de tel que ces pensées pour mettre à néant un projet dans ses balbutiements ou après des mois de travail en vue de sa concrétisation.
Réaliser son rêve : c’est à votre tour
Nous croyons souvent que si nos rêves ou nos projets ne sont pas devenus des réalités, c’est parce que le temps, les moyens ou les responsabilités de la vie familiale ou professionnelle ne nous le permettaient pas. Toutes les « bonnes » excuses sont là. Elles émergent comme des automatismes, nous laissant patauger dans le cercle misérable d’une existence qui ne prend pas son envol. Rappelons-nous que pour relever des défis et progresser sur la voie du succès, cela exige de la patience, de la persévérance et d’apprendre à repousser nos limites. Pour cela, il importe de prendre le temps d’établir clairement ses priorités, de rester positif, de développer la confiance en soi et de maîtriser ses émotions. Personne ne peut effectuer le travail à votre place.
Au bout du compte, ce qu’on veut tous, c’est de réaliser son rêve.
Alors, vous vous lancez?